Pour agir face aux conséquences du réchauffement climatique, la France s’est fixée pour objectif d’atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050, ce qui implique de diviser par six les émissions brutes de gaz à effet de serre. Dans le cadre du rapport « Transitions 2050, choisir maintenant, agir pour le climat« , l’ADEME* présente quatre scénarios prospectifs, plus ou moins sobres, visant à atteindre la neutralité carbone à cet horizon.
Ces scénarios sont issus d’un travail de deux années entre une centaine de collaborateurs de l’ADEME et des partenaires extérieurs. L’ADEME détaille différents chemins décrivant à quoi ressemblerait notre société en empruntant chacun d’entre eux : nos habitudes de consommation, de déplacement, notre vie économique, nos habitudes en matière de technique, de gouvernance, l’impact sur nos territoires, pour finir par présenter les résultats attendus.
Pour réaliser ces travaux, l’ADEME s’est basée sur le rapport du GIEC de 2018 ainsi que sur les objectifs fixés par la loi Énergie-climat 2019 et la Stratégie nationale bas carbone de la France. L’ADEME soumet ces quatre scénarios dans un contexte d’urgence climatique. L’agence précise que « les changements à opérer sont d’une telle ampleur qu’il est indispensable d’accélérer les débats dès maintenant, compte tenu des délais de prise de décisions dans un cadre démocratique, comme de ceux de leur mise en œuvre ».
L’ADEME propose ainsi quatre
trajectoires :
- Le premier scénario se
nomme « Génération frugale ».
Il est basé sur « des transformations importantes dans les manières de se
déplacer, de se chauffer, de s’alimenter, d’acheter et d’utiliser des équipements,
permettent d’atteindre la neutralité carbone sans impliquer de technologies de
captage et stockage de carbone ». Ce scénario implique une limitation de la construction induisant
une baisse de 30% de la surface moyenne des maisons individuelles neuves. Une
chute profonde dans la demande de mobilité interviendrait également avec un fort retrait de l’avion et de la voiture
remplacés par la marche et le vélo. Tout ceci serait accompagné d’une
sanctuarisation de la nature, d’un recours généralisé aux low-tech, d’une profonde transformation des habitudes
alimentaires (consommation de viande divisée par 3) ainsi que d’une mobilisation raisonnée de la ressource
forestière.
- Le deuxième scénario,
appelé « Coopérations territoriales »
est fondé sur un modèle de « gouvernance
partagée au sein de laquelle organisations non gouvernementales,
institutions publiques, secteur privé et société civile trouvent des voies de
coopération pragmatique permettant de maintenir la cohésion sociale ». Ce
scénario repose sur plusieurs piliers : densification en hauteur des villes, généralisation du partage de bâtiments, développement du recyclage et de la valorisation ou encore engagement d’efforts de réindustrialisation dans des secteurs bien ciblés. Une transition alimentaire plus sobre et
végétale est également nécessaire tout comme le développement de biocarburants avancés. Dans ce scénario, le mix énergétique est dominé par la
biomasse et une électricité essentiellement décarbonée.
- Le troisième scénario
« Technologies vertes »
est basé sur le développement
technologique pour répondre aux défis environnementaux plutôt que sur les
changements de comportements. Ce scénario repose sur le fait que les métropoles
se développent grandement. Aussi, dans ce scénario, « les technologies et
le numérique, qui permettent l’efficacité énergétique ou matière, sont dans
tous les secteurs. Les meilleures technologies sont déployées largement et
accessibles de manière généralisée aux populations solvables. » L’objectif
final étant que l’innovation soit au
service de systèmes énergétiques décarbonés. Dans ce scénario, hydrogène et biomasse sont alors fortement
développés, pour se substituer au pétrole.
- Le quatrième et
dernier scénario « Pari réparateur »
stipule une continuité des modes de vie du début du XXIe. Il s’agit donc de
placer sa confiance dans la capacité à gérer,
voire à réparer les systèmes sociaux et écologiques avec davantage de
ressources matérielles et financières afin de conserver un monde vivable. « Cet appui exclusif sur les
technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre elles ne sont pas
matures. »
Ces travaux de recherche menés par l’ADEME se sont enrichis d’une série de feuilletons sur des sujets bien précis publiés jusqu’en mars 2022 (qualité de l’air, numérique, métaux dans la transition écologique…). L’ensemble final des travaux est remis en perspective au cours du Grand Défi Écologique, un événement organisé par l’ADEME les 29 et 30 mars 2022 à Angers.
Pour accéder à tous les documents fournis par l’ADEME (le rapport, la synthèse, le résumé exécutif, les infographies des scénarios, les nouveaux feuilletons…), cliquez ICI.
*Agence de l’Environnement et de
la Maîtrise de l’Énergie
Toutes les citations de cet
article proviennent du site de l’ADEME Transition(s) 2050.